Notre alimentation et ses dangers sont au programme de notre rendez-vous hebdomadaire, Les Idées claires, proposé par France Culture et France Info et destiné à lutter contre les désordres de l’information.

Viande de cheval à la place du bœuf, pesticides interdits dans nos aliments, sucres ajoutés, exhausteurs de goût, lait ou œufs contaminés… Les scandales alimentaires s’enchaînent et il est de plus en plus difficile d’avoir confiance dans le contenu de notre assiette.

Entre nos plats préparés ultra-transformés et nos légumes cultivés hors saison et hors sol, notre alimentation a-t-elle encore quelque chose en commun avec celle de nos arrière-grands-parents, qui cultivaient eux-mêmes leur potager ? Et surtout, mangeait-on vraiment mieux avant ? Marion Guillou, ancienne présidente de l’Inra, présidente d’Agreenium, spécialisée en sécurité alimentaire répond à nos questions dans cet épisode des Idées claires.

Mangeait-on mieux avant ?

Globalement vous avez la quantité : il n’y a plus de famine chez nous, même si malheureusement il y en a ailleurs dans le monde. Vous avez accès à ce que vous voulez et vous avez une alimentation diversifiée : est-ce que vous avez conscience que ce sont des acquis du XXème siècle ? L’alimentation est un des facteurs de l’augmentation de l’espérance de vie.

Mange-t-on plus gras et plus sucré qu’avant ?

On mange moins sucré et plus gras, mais quand je dis moins sucré il faut être un peu subtil parce qu’il y a des sucres lents et des sucres rapides. Les sucres lents c’est le pain, les pâtes, tout ce qui est féculent et qui se transforme en sucre à travers une chaîne qui prend du temps. Le sucre rapide c’est le bonbon, le jus, la boisson sucrée. En lipide, donc les gras, on a beaucoup augmenté la consommation de gras donc, oui, on mange plus de sucre rapide et on mange plus de graisse, mais ce sont des questions secondaires par rapport aux questions qui se posaient en début de siècle passé, du point de vue alimentaire.

Les aliments ultra-transformés sont-ils si mauvais ?

Les aliments ultra-transformés ont souvent trop de sucre, trop de sel, trop de graisse. Donc, il faut regarder la composition des aliments. Le sujet de l’étude qui a montré qu’il y avait effectivement plus de maladies quand on mangeait ultra-transformé, c’est, on le sait désormais, au-delà de la composition, la matrice. C’est-à-dire comment le sucre est accessible. Si vous mangez une orange il y a la peau de l’orange, le temps de délivrer, de mastiquer, de casser la peau, le sucre sera libéré lentement. Si vous buvez un jus d’orange ou une boisson sucrée, c’est encore pire, le sucre arrive tout de suite, vous avez un pic de sucre et donc un effet santé qui est bien plus négatif potentiellement.

Sommes-nous inégaux devant le frigo ?

On constate que dans la partie de la population la plus précaire, l’alimentation est plus mauvaise que dans la population générale, avec du snacking. C’est-à-dire, des enfants qui grignotent plus souvent que les autres, qui sont plus statiques, qui regardent plus, à l’époque c’était la télévision, maintenant ce sont des systèmes plus modernes et qui de fait ont un équilibre de vie moins sain, avec trop de sucre, trop de gras, trop de sel. Pour changer cela, il faut avoir des politiques collectives qui font en sorte que les industriels diminuent les teneurs en sucre, en sel et en gras de leurs produits. Ensuite, éviter les publicités des produits déséquilibrés au moment où les enfants ont accès aux supports vidéo.

Les légumes d’antan étaient-ils meilleurs ?

Quand vous comparez le jardin d’antan et ce que vous achetez au supermarché, il y a plusieurs sujets. Il y a le sujet de la santé, excellente et bien meilleure que celle d’il y a plusieurs années à l’époque de votre grand-mère. En revanche, il peut il y avoir une histoire de goût. Quel est le goût des variétés qui sont vendues aujourd’hui ? Quand les variétés ont parfois été sélectionnées pour d’autres choses, pour résister aux maladies, au transport,donc il faut distinguer le goût et la sécurité.

Bien manger c’est manger bio ?

Ce qui est intéressant, c’est que les personnes qui achètent bio sont souvent des gens qui font plus attention à leur santé. Donc si vous regardez les populations qui mangent bio et la moyenne de la population en général, vous aurez un meilleur comportement nutritionnel de ceux qui mangent bio. Mais, du point de vue du produit brut, les deux études dont j’ai connaissance, une au niveau français, l’autre au niveau européen, montrent qu’il n’y a pas de différences pour la santé des aliments dits bio. Par contre, il y a évidemment une différence sur les pratiques vis-à-vis de l’environnement.

« Les Idées claires », un programme hebdomadaire vidéo et audio

Parce que la vérité est plus lente que le mensonge, parce que la  désinformation est plus séduisante que l’information vérifiée, Les Idées claires démêle le vrai du faux. Chaque semaine, dans une vidéo et en podcast, un.e expert.e et Nicolas Martin (producteur de La Méthode scientifique sur France Culture) remettent de l’ordre autour d’une idée reçue. Retrouvez l’intégralité des épisodes dans le dossier « Les Idées claires« 

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